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mercredi 30 novembre 2011

résumé de "2012 Etat d'urgence"

"2012    Etat d’urgence" – François Bayrou
résumé par H. Relaix :

INTRODUCTION (p.7)

Les mauvais jours finiront. La France va s’en sortir. C’est cette certitude qui est le sujet de ce livre.
Aujourd’hui, les projets de notre pays sont plombés par les comptes. Le chômage assomme les jeunes de vingt ans et les encore jeunes de cinquante ans. Les promesses en cascade au moment des élections ne pourront pas être tenues.
C’est une guerre que nous avons à livrer. Ce qui est en jeu, c’est notre liberté, notre dignité, et que vaille la peine la vie de nos enfants. Pour gagner une guerre, il faut se concentrer sur l’essentiel, cesser de vouloir traiter toutes les questions en même temps. Si l’on sait répondre à l’urgence, on pourra traiter ensuite les autres questions de notre avenir national.
L’urgence est ce qui menace notre pays dans sa survie, sa dignité, sa cohésion. Nous avons devant nous deux questions d’urgence nationale : produire en France et rendre à la France la meilleure éducation du monde.
La question du déficit, de la dette, des finances publiques est la conséquence directe du déficit de production. Nous avions , il y a un demi-siècle, la meilleure éducation du monde ; désormais, les inégalités sociales se doublent de profondes inégalités culturelles.
Du fait de la faiblesse de sa production, la France se trouve dans la même situation que la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et court les mêmes risques : baisse du salaire des fonctionnaires et des retraites, coupes sévères dans les dépenses sociales.
L’urgence impose d’agir juste et d’agir vite. Notre modèle de société – allocations, services publics, aménagement du territoire, système de santé, investissements locaux et nationaux – ne peut résister à la situation telle que nous l’avons laissée se dégrader. Notre dette est écrasante (1700 milliards d’€), et nous empruntons au rythme d’un milliard d’€ par jour ouvrable pour soutenir notre train de vie social, nos services publics, notre projet de société ; nous nous endettons pour le nécessaire. C’est de retrouver notre force de production qui nous sauvera. L’Allemagne, le Canada, les pays scandinaves se sont trouvés dans la même situation et ils s’en sont sortis. Nous avons plus d’atouts que beaucoup d’entre eux n’en avaient.
Il faut, en cinq ans, effacer le déficit du commerce extérieur, recréer les conditions d’un développement de la production intérieure, équilibrer les finances. Il faut, en cinq ans, retrouver l’éducation perdue, l’éducation qui est la condition de la science, de la technique, du savoir-faire ; condition aussi de la conscience, conscience des individus citoyens, conscience de former un peuple ensemble.
Répondre aux deux questions de l’état d’urgence, c’est permettre de dessiner un projet crédible pour ce début de siècle : trouver un modèle écologiquement responsable, équilibrer le système de santé, chercher un équilibre dans les questions de l’immigration, progresser en matière de sécurité et de justice, soutenir la dépendance, montrer que la création est dans la culture autant que dans l’économie ou la recherche, proposer un modèle européen.
Les deux politiques nécessaires, reconstruction de la production en France et priorité donnée à l’éducation, ne peuvent être conduites ni par la majorité actuelle de droite, qui a trop sacrifié à l’injustice sociale et fiscale et à la désignation de boucs émissaires, ni par la majorité traditionnelle de gauche qui a tout donné à l’irréalisme. IL faut une majorité nouvelle, une majorité centrale. Il faut changer d’approche, changer de majorité pour changer de projet.
Seule l’élection présidentielle permet de le faire, parce que seule elle permet d’imposer des règles démocratiques nouvelles.

UN ENGAGEMENT (p.23)


Inutile de parler longuement du président sortant, de la majorité sortante.

Les raisons d’une confrontation (p.24)

L’énergie presque infatigable, la volonté de revanche, sont à ranger au nombre de ses atouts. Mais les valeurs que portait en filigrane le projet du président élu en 2007 ne pouvaient qu’entrer en collision avec les valeurs de notre pays : importance ridicule apportée à la réussite matérielle, au monde de l’argent, fascination et complaisance à l’égard de la puissance financière dans sa recherche  de contrôle de la puissance politique, moquerie de la culture classique et de l’histoire, conviction que les inégalités sont inévitables, voire souhaitables, vision de l’Europe comme un terrain de jeu où il pourrait tirer la couverture à lui.
Deuxième raison d’opposition : la conception arbitraire du pouvoir : affaire de clans, affaire de préférence, affaire de clientélisme, avantage aux plus aisés, aux privilégiés. Bouclier fiscal, affaire Tapie, décisions touchant à l’audiovisuel public, à la banque, au nucléaire, nominations et révocations de complaisance, Gouvernement longtemps humilié, Parlement effacé…

Un bilan (p.26)

La situation de la France s’est détériorée. Aucun domaine de la vie du pays où la situation se soit améliorée. Même les deux sujets phares, l’immigration et la sécurité sont montrés comme un échec. Quelque 130 000 personnes sont interpellées sans papier chaque année ; à peine 30 000 sont reconduites à la frontière. Les agressions contre les personnes, les escroqueries, les vols avec violence, les cambriolages n’ont cessé d’augmenter.
Tout n’est pas de la responsabilité du pouvoir, particulièrement en économie. La crise financière de 2008 a compromis davantage la situation du chômage, du déficit et de la dette. Le déficit de notre pays a explosé : plus de 148 milliards en 2010. Pour la Cour des comptes, la crise ne représente que 30 milliards.
Le chômage laisse des millions de femmes, d’hommes de jeunes sans solutions. Par dizaines et centaines de milliers, les jeunes sortent de l’école sans formation. Les universités sont devenues autonomes : la gestion quotidienne est plus libre. Mais cela ne change rien aux défauts du recrutement, à l’organisation des filières, aux raisons de l’échec dans le premier cycle. Le gouvernement a apporté de l’argent, notamment pour le patrimoine immobilier, mais les plus lourds handicaps demeurent.
La crise est d’abord morale : moral en berne, morale en torche. La situation exige à la fois un choc de prise de conscience et une volonté nouvelle, une vraie rupture.

Un autre chemin (p.31)
La démocratie commence, et la République aussi, quand les puissances industrielles ou financières, ces groupes de pression, sont tenus en lisière et à distance. C’est une sorte de laïcité. Séparation de la religion et du pouvoir politique. Séparation de la puissance économique et financière et du pouvoir démocratique.
Alors j’ai pris un autre chemin. J’ai quitté les rangs de la pensée dominante et des comportements conformes.

Mes amis sont toujours mes amis (p.33)
A gauche, on a l’habitude de se moquer du centre, qui est, croit-on, forcément de droite. Ces militants et ces élus, les institutions sont contre eux, ils continuent pourtant à chercher l’équilibre. Différents, d’une autre famille politique, d’autres mœurs que les dominants.
Il en est, de la même famille, qui siègent au PS, au centre-gauche, ou dans la deuxième gauche. Le PS d’appareil, le PS sectaire, est effarant dans son contentement de lui-même, dans sa certitude d’avoir raison moralement, dans un mélange de privilèges amassés et de bonne conscience étalée. A droite, on partage parfois le même cynisme, la même certitude que la fin justifie les moyens, mais sans la bonne conscience. On est de gauche, très souvent, parce qu’on naît de gauche. Et de droite, pour la même raison.
Une des meilleures définitions du centre, au fond, c’est qu’on n’est pas obligé de détester ses adversaires.
Les temps sont lourds, ils ont des relents d’années 30, les mêmes tentations, noires : on détestait le juif, on déteste le musulman. Ce qu’il faut maintenant, ce sont les idées claires, la volonté de les faire entendre. Et la tête sur les épaules. Et les pieds sur terre.


QUESTION PREALABLE : LA MONDIALISATION (p.37)

Le pays va se voir proposer, par la droite la plus à droite, comme par la gauche la plus à gauche, le choix de la démondialisation.

Le protectionnisme est une tentation impossible (p.38)
C’est un leurre de faire croire que pour s’en sortir, il suffit de fermer les portes. Tous les pays fermés ont craqué : l’Allemagne des années 30, l’Union soviétique, la Corée du Nord où règne la pénurie. Ce choix est d’autant plus indéfendable dans un pays où un salarié sur quatre, d’une manière ou d’une autre, travaille pour l’exportation.

Le mirage du protectionnisme « européen » (p.40)
Il n’y aura pas de protectionnisme français, encore moins de protectionnisme européen. C’est une immense duperie intellectuelle que de proposer un programme qui requiert l’assentiment de nos voisins, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne, en sachant avec certitude qu’ils n’y souscriront jamais.

La mondialisation loyale (p.41)
Parmi les différences qui rendent la compétition difficile entre Européens et le reste du monde, certaines ne peuvent être effacées, du moins pour l’instant, par exemple la différence de prix du travail : moindre force technologique, donc coût du travail moins élevé.
En revanche, les normes environnementales exigeantes et justifiées imposées aux producteurs européens doivent s’appliquer à tous les produits en vente sur le territoire européen, tant en matière agricole qu’industrielle.
Plus inacceptable est la concurrence artificiellement faussée par des décisions politiques qui avantagent les uns par rapport aux autres. Ainsi le scandale monétaire instauré par la Chine est un problème pour les Européens et les Américains. Une des règles de base du commerce libre est que la valeur de la monnaie doit s’adapter à la réelle puissance des économies. Ainsi les prix ne sont pas faussés. Or la Chine a bloqué le cours de sa monnaie par rapport au dollar, de sorte que ce cours forcé  est de 40 ou 50% inférieur à la valeur réelle du yuan chinois. Dans le cadre de l’OMC, l’Europe devrait agir sur l’essentiel, la déstabilisation dont souffrent nos producteurs exposés à une concurrence artificielle.

Protéger non pas les riches mais les pauvres (p.44)
La mondialisation connaîtra des évolutions . Il faut protéger l’agriculture du tiers-monde de la concurrence des puissances agricoles de certains pays émergents. Pour favoriser une certaine indépendance alimentaire, il faut protéger les producteurs défavorisés, en Afrique notamment.

Nos difficultés ne sont pas la faute des autres (p.45)
Nos faiblesses viennent de décisions qui n’ont pas été prises et d’habitudes qui n’ont pas été remises en question. Nous avons négligé, ou pas eu la lucidité d’en identifier les causes et de les corriger à temps.
Le leurre de la démondialisation trace une ligne de fracture à l’intérieur de chaque camp : le quart ou le tiers du PS et le quart ou le tiers de l’UMP sont partisans de cette idée. Leur contestation, associée à celle des extrêmes, suffira à empêcher toute option politique courageuse.


NOTRE URGENCE, LA PRODUCTION (p.47)

Tous les sujets de notre avenir sont dépendants de la production (p.48)
Tous les sujets politiques, qui ne sont pas des débats négligeables, sont dépendants des deux questions de notre survie, la production et l’éducation.
L’environnement est la prise de conscience la plus marquante de notre temps, notamment menace sur la biodiversité et accélération du réchauffement de la planète. Sur ce sujet se rencontrent deux mouvements de conscience : faire disparaître au plus vite la dépendance de l’humanité au nucléaire, et refuser de remplacer le nucléaire par des centrales émettrices de gaz à effet de serre. Les énergies renouvelables, l’hélio-énergie et la thalasso-énergie, permettraient de conjurer les deux angoisses, mais difficile d’imaginer qu’elles soient réellement disponibles avant deux ou trois décennies. Impossible de proposer un équilibre nouveau de l’énergie sous la pression de menaces économiques croissantes. Un pays en hémorragie économique ne peut pas accepter de payer l’énergie plus cher.
Un modèle de société plus sobre est en gestation : économiser des ressources rares, faire passer l’essentiel avant l’accessoire. Ce modèle exigera de grands investissements dans la recherche fondamentale et appliquée, pour les énergies renouvelables, pour le recyclage des déchets, investissements qui ne seront qu’à la portée des peuples prospères.
La santé est le sujet de société le plus important. Nous avons tous les moyens techniques d’être le grand pays de la médecine , de l’offre des soins. Mais ce sont les ressources du pays qui sont au moins en partie la clé de la santé.
La dépendance apparaît comme une fatalité : prendre en charge la grande infirmité et la dépendance physique, et la déficience mentale qui accompagne souvent la fin de vie. Nous avons tous les moyens de prendre la dépendance en charge, d’inventer les métiers d’assistance médicale et humaine, mais il est impossible de construire la solidarité face à la dépendance si le niveau de vie du pays baisse.
L’immigration est devenue comme une obsession. Or les cultures mêlées sont l’avenir de la France. Quand l’école est en  échec, il n’est pas d’intégration qui vaille. Tout se tient, le chômage, l’intégration, la place des femmes et tout tient à la santé du pays.
La laïcité est mise à mal. Elle l’a été au sommet de l’Etat et elle l’est souvent à la base. La laïcité, c’est savoir distinguer ce qui relève de la foi , et qui est profond, et ce qui relève de la loi civile qui, dans l’espace public, doit passer en premier. Idéal maltraité quand l’intégration est malmenée.
La justice est en panne de confiance, confiance de la société, confiance en elle-même. Elle se sent instrumentalisée. Les moyens nécessaires à son fonctionnement lui sont refusés. Sans parler des prisons, de la condition faite aux détenus. Les problèmes de la justice sont des problèmes de moyens élémentaires.

La place de la France en Europe et dans le monde se joue là (p.54)
L’histoire des deux derniers siècles est celle de la succession des nations dans l’ordre de l’influence. En deux guerres, l’Europe a été près de se suicider. Les Etats-Unis sont devenus puissance universelle, défiés par les Soviétiques (guerre froide) et la Chine (guerre économique, financière et stratégique). Les constructeurs de la Communauté, puis de l’Union européenne ont relevé le continent, et proposé un modèle de nations qui s’unissent sans se confondre et sans renier leur identité.
Les hommes d’Etat français ont tous défendu l’idée que, dans le concert des voix que le monde respecte, la France avait sa place. L’influence ne se résume pas à la taille. Il n’y a pas de pays influent, parmi les puissances moyennes, si ce pays est incapable de corriger ses faiblesses Un pays qui doit faire appel au FMI ne peut plus adresser au monde le message des forts, ni même celui des libres. Il ne s’agit plus seulement d’économie : l’influence de la France est en jeu.


L’ETAT D’URGENCE (p.57)

La vérité sur l’hémorragie de la production en France (p.57)
Tous les mois, le déficit de notre commerce extérieur se compte en milliards d’euros : en avril 2011, il a atteint sept milliards deux cents millions d’euros ; au mois de mai, il dépasse sept milliards cinq cents millions. Deux mille millions d’euros par semaine.

Notre commerce extérieur : une hémorragie récente et continue (p.58)
Jusqu’au début des années 2000, nous avons été à l’équilibre ou excédentaires. Puis, 0,3 milliards en 2003, 5 milliards en 2004, 24 milliards en 2005, 30 milliards en 2006, 42 en 2007, 56 en 2008, 44 en 2009, 51 en 2010, 65 sur les douze derniers mois.
La part de marché de la France dans le commerce mondial est en baisse constante. Comparés à la moyenne des pays de l’OCDE, nous faisons moins bien que la moyenne. Les producteurs français sont en concurrence avec les autres producteurs européens , notamment allemands.
Les économies françaises et allemandes sont très proches : production à peu près dans les mêmes secteurs pour le marché intérieur européen et rivaux sur tous les marchés à l’exportation. L’industrie allemande a la même monnaie, le même coût du travail, le même modèle social à financer que l’industrie française. Or le déficit du commerce extérieur de la France est de l’ordre de 75 à 80 milliards, alors que l’Allemagne connaît un excédent de l’ordre de 150 à 200 milliards.
Nous sommes déficitaires avec tous les pays importants de la zone euro, sauf la Grèce.

L’hémorragie des comptes publics et la perte d’indépendance (p.60)
Avec une telle hémorragie, impossible de faire face au train de vie, notamment social, de la France. Impossible de soutenir un modèle de solidarité avec les plus faibles, d’assumer une société de services publics et le nombre de fonctionnaires qui va avec, d’assurer l’intégration par l’emploi.
Il reste à emprunter, emprunt pour compenser le déficit ; emprunt pour tout : pour payer les fonctionnaires, pour pays les retraites, pour payer les feuilles de sécu. La dette toujours plus lourde, toujours plus grave.
Tant que cette situation n’aura pas changé, toutes les promesses seront lettre morte et mensonge public.


Une seule solution : la mobilisation générale (p.62)
Il faut cibler le sujet, mobiliser toutes les forces, livrer le combat sur le seul terrain qui compte. Le programme, en 2011, doit être de faire les gestes et dire les mots, prendre les décisions qui montreront que la France a la volonté de redevenir un grand pays producteur et exportateur. Un seul tabou, pour l’équilibre du pays : pas de baisse des salaires.
Produire, vendre, c’est le seul chemin vers ce qui nous manque le plus : l’emploi et les moyens financiers.
Permettre aux productions  de la France d’exister à nouveau sur le marché intérieur et sur le marché du monde. Toutes nos productions : industrielles, agricoles, agro-alimentaires et de services. Soutenir les points forts, les améliorer (aviation, pharmacie, tourisme) ; aider les points en fragilité (agriculture) ; reconquérir les espaces où nous n’existons plus (tous les autres, même le textile et l’électroménager).
Les chances sont réelles. Nous avons des atouts : nous obtenons des succès mondiaux dans l’industrie la plus exigeante en recherche et technologie, l’aéronautique et la pharmacie. Désormais la haute technologie sera la condition même des productions y compris  celles qui semblent banales : l’automatisation, la connectique, les logiciels de production et de conception, les nanotechnologies, la chimie des matériaux. Forts dans les secteurs de pointe, nous avons tout ce qu’il faut pour profiter du grand tournant technologique qui s’imposera à toutes les industries. Mais c’est la dernière chance.

Le stupéfiant exemple allemand (p.65)
Il y a peu d’années, l’Allemagne traversait exactement le même drame que le nôtre. Le plan « agenda 2010 » des socialistes allemands était stratégiquement sans ambiguïté : choix en faveur de la mondialisation, choix d’une meilleure flexibilité du marché du travail, incitations à la reprise du travail et de l’assouplissement des conditions d’emploi. Angela Merkel, à la tête d’un gouvernement de grande coalition, centre-droit centre-gauche, y ajoutait un rééquilibrage des finances publiques et un allégement des charges sociales pesant sur le travail par une augmentation de la TVA  (trois points dont deux affectés au budget et un à l’allégement des charges sociales).
En cinq années, son commerce extérieur a présenté un visage flamboyant. Le taux de chômage pour l’ensemble du pays tend vers 6%.

Pour un agenda 2020 (p.69)
Nous aurons besoin d’un agenda 2020. Plus que le contenu, le plus important est d’en décider le principe. Un chose est certaine : cela ne se fera pas par des demi-mesures.

L’offre plutôt que la demande (p.70)
Option économique : favoriser l’offre plutôt que la demande.
Deux camps irréductibles chez les économistes politiques. D’un côté ceux qui pensent qu’on peut faire repartir une économie en distribuant artificiellement du pouvoir d’achat, des salaires, des allocations diverses. C’est la politique keynésienne de la demande. De l’autre côté, les défenseurs d’une politique de l’offre qui pensent c’est du côté de l’entreprise, de sa prise de risque, de ses innovations, que se crée la dynamique qui amènera à la découverte de nouveaux marchés et au rayonnement de l’économie.
La relance par la demande peut à la rigueur se justifier en économie fermée, quand un pays est tourné vers l’autosubsistance. Pas en économie ouverte. Sans une économie de production capable de devancer les besoins des consommateurs et assez réactive pour saisir les rebonds de la demande, les ressources attribuées à ces mêmes consommateurs seront dirigées vers les produits fabriqués à l’extérieur.
Si l’on doit aider un secteur de l’économie, ce doit être le secteur de la production, avec la difficulté qu’il n’est ni évident ni facile pour l’Etat de se mêler des équilibres de production. Ce n’est ni son travail, ni sa compétence de décider d’investissements dans le monde de l’entreprise privée

Pour reconquérir, inciter (p.72)
Il ne suffira pas de soutenir l’existant. Il faut surtout inciter à reconquérir les domaines perdus, « inciter » et pas « diriger ».
Il s’agit de remettre tout un pays dans le sens de la création, rendre l’envie de créer, soutenir, faciliter la vie quand ça marche. Il faut réfléchir à quoi faire, conduire une réflexion collective sur le possible. Cela nécessite un débat public avec les experts, les citoyens avertis, les agents économiques surtout, les familiers de l’exportation, les hommes de PME. Or ce débat n’existe pas. Cet outil a existé .C’était le Commissariat au plan. Un tel lieu de débat et de réflexion est (re)devenu indispensable.
Perdre une production, c’est perdre des emplois et du chiffre d’affaires. C’est surtout perdre la totalité de ses apports dans le présent, mais surtout la totalité de ses développements pour l’avenir. C’est un savoir-faire qui disparaît, mais aussi un savoir-penser, un savoir chercher, un savoir-deviner, un savoir-innover, pour toujours et dans la totalité du domaine concerné. Il est                vital de rester présent dans le plus grand nombre possible de secteurs de la consommation, notamment de la consommation de masse.

Produire en France, deux histoires vécues (p.76)
Sur la Côte basque, à la fin des années 2000, l’entreprise Neuhauss, qui fabrique des panneaux de signalisation routière, connaît des difficultés. Délocalisation vers la Roumanie ? la Chine ?… Est décidée une remise en cause du processus de fabrication : automatisation de la fabrication, conversion des emplois de production. L’entreprise s’appelle aujourd’hui Signature : premier producteur européen de panneaux de signalisation routière.
Tricotage des Vosges, usine de tricotage de chaussettes vendues sous la marque Dim. Quand la totalité de la production Dim est délocalisée en Chine, l’entreprise décide de diffuser sa propre marque, Bleu Forêt, qui a repris un de ses grands concurrents, Olympia, et sauvé plus de cent emplois qui allaient disparaître.

L’image de marque du pays est un atout majeur (p.80)
Il faut travailler d’abord sur l’image de marque du pays tout entier. L’Allemagne a ciblé la production de qualité : les consommateurs trouvent justifié de payer plus cher. La Corée, pour s’introduire sur le marché des automobiles en Europe a arrêté une stratégie : la garantie de longue durée.
Normes, garantie, haut de gamme. C’est une démarche qui doit réunir les producteurs et les pouvoirs publics français sous le signe de la qualité. La reconquête des secteurs abandonnés est possible ; il est probable qu’elle commencera par le haut de gamme. Les marges y sont plus importantes, l’avance technologique mieux valorisée, et un succès dans le haut de gamme est un plus pour l’image de marque du pays tout entier.

Refondation de la confiance sociale (p.82)
Il n’y a pas de reconquête possible du produire en France sans reconquête de la confiance entre salariés et entreprises. Tout est vécu sur le mode du soupçon, de l’affrontement, du conflit. C’est une immense faiblesse. Cela détruit la confiance entre responsables d’entreprise et organisations syndicales, mais aussi la confiance des salariés à l’égard de leurs propres organisations.
La question de la confiance sociale est cruciale pour un redressement du pays.
L’Etat éclaireur, l’Etat soutien des jeunes pousses (p.84)
Le Fonds stratégique d’investissement, doté d’importants moyens financiers dirigés depuis trois ans vers les grands groupes du CAC 40, devrait être dirigé vers la reconquête industrielle par l’acquisition ou la construction d’entreprises innovantes de taille moyenne. La puissance publique doit assurer la mise en réseaux, l’entraide réciproque des jeunes entreprises en croissance avec les grandes entreprises.
Aucune compétence n’est absente de notre tissu industriel, mais nous ne savons pas mutualiser ces compétences.

Les consommateurs dans le combat du produire en France (p.86)
Nous devons associer les consommateurs français à ce combat. Il faut que les Français  consommateurs soient le soutien actif des Français producteurs. Il faut et il suffit que la transparence soit établie sur la localisation du produit. Il ne s’agit nullement de protectionnisme, il s’agit de transparence. Le label « produit en France » ne sera pas réservé aux entreprises françaises, mais ouvert à tous les produits pourvu qu’ils soient produits en France.
Pas de réserves à l’introduction de composés importés dans les produits mis sur le marché depuis la France. Au contraire : c’est un bon moyen d’abaisser le coût moyen des produits, et d’offrir au tiers monde un chemin de progrès économique et social.

Il n’est de richesse et de force que d’hommes (p.89)
La production, c’est l’entreprise. L’entreprise, ce sont les hommes et les femmes entrepreneurs. L’autoentreprise a tourné une part des Français vers l’activité, vers la prise en charge personnelle. C’est un grand progrès humain de se prendre en charge soi-même.
Moins de 5% des élèves des grandes écoles d’ingénieurs et même des grandes écoles commerciales créeront une entreprise au cours de leur vie. Il s’agit de réhabiliter la création : la création économique, la création d’entreprise, la création de science, la recherche, la création technologique, brevets et processus de fabrication, la création culturelle, le livre, l’audio-visuel, la musique, la création plastique, l’image, la forme, le design.

Réhabiliter la création et réhabiliter le risque, c’est tout un (p.92)
Nous sommes un pays de castes et de conformismes. Notre religion exclusive de l’origine, du diplôme, du concours, des parcours balisés à l’avance est un point faible. Entre l’université et l’entreprise, la méfiance était reine. L’université réprouvait que le savoir soit utilisé pour le profit. Et l’entreprise considérait que l’université ignorait tout de la réalité .
L’école elle-même, le collège, le lycée, ont leur part de responsabilité. Il faut ouvrir l’école. Le choix de mobilité doit permettre aux enseignants de découvrir les responsabilités dans l’entreprise. Les deux univers découvriraient alors que leurs logiques différentes sont également humanistes.

Les conditions de la reconquête appuyée sur les PME (p.94)
Soutenir les entreprises, c’est financier, bancaire, fiscal, légal. Le monde politique français devrait avoir l’obsession des PME. Nous avons de très grandes entreprises. Nous avons beaucoup de petites et très petites entreprises. Le barrage qui empêche l’entreprise moyenne de se développer est un barrage fiscal : elles paient le double d’impôts sur les sociétés que les grandes entreprises du CAC 40. La complexité du droit fiscal, et c’est la même chose pour le droit social, avantage les grandes entreprises. La partie est déséquilibrée. L’Etat qui devrait garantir au moins l’égalité de traitement participe sciemment à ce déséquilibre. Les mœurs parlementaires aussi.

Pas de loi ou de règlement sans prise
 en compte de leurs conséquences sur la production (p.96)
On fait voter mille lois, on édicte mille règlements. Changement de normes, obligeant à des changements d’équipements, à peine acquis que déjà obsolètes. Interdictions toujours nouvelles. L’Etat tout puissant est un obstacle perpétuel à l’énergie de tout un pays.
Nous devons changer d’approche : aucun texte autre que de sécurité ne devrait pouvoir être adopté sans une étude d’impact sérieuse et préalable, associant les professionnels à la réflexion. Nous devons considérer que l’expérience vaut autant que la prétendue expertise.

Le déplacement nécessaire des charges sociales (p.98)
Les charges indûment mises au compte des entreprises et qui affectent le travail devront être allégées et autrement réparties, par exemple les allocations familiales payées sur le travail des entreprises. Même chose pour la santé. La CSG, assumée par tous les revenus (revenus du travail, retraites, revenus du capital), devrait répartir avec équité la charge entre tous les assurés, proportionnellement à leurs revenus, quelle qu’en soit la source.. Tous les Français sont assurés sociaux, donc tous les Français doivent cotiser à l’assurance sociale, et pas seulement les salariés.

L’important, c’est de vouloir (p.99)
Ces idées n’ont été exposées que pour montrer qu’une politique concrète de reconquête est disponible. Ce n’est pas un programme exhaustif, mais ces idées méritent discussion. Il faudra un nouveau type de contrat de travail. Mais ce doit être affaire de partenaires sociaux. L’important est de nous décider à le conduire.

La justice avant toute réforme (p101)
La justice, l’équilibre dans les efforts demandés, trace la frontière entre la réforme qui passe et la réforme qui ne passe pas. Pour rééquilibrer nos finances publiques, tous les gouvernements seront obligés de faire appel à l’impôt. Il faut qu’ils soient équilibrés par une contribution plus juste des plus hauts revenus. C’est pourquoi s’impose la création d’une ou plusieurs tranches supplémentaires de l’impôt sur le revenu. Il sera hautement symbolique que les gouvernants prenne leur part de l’effort par une diminution de leur train de vie.

Un plan pour les finances publiques (p.103)
Aucun gouvernement ne pourra éluder la question de l’équilibre des finances publiques. La situation de la France est plus alarmante que celle de nos voisins. Notre déficit primaire se situe à 5,5% du PIB. 25 ou 30% de notre budget.
La crédibilité du plan pour les finances publiques est donc vitale à partir du jour même de l’élection présidentielle.

Trois enjeux (p.105)
Il faudra être capable d’additionner des économies et des ressources fiscales nouvelles. Le premier gisement de ressources, c’est l’impôt. S’attaquer aux niches fiscales. Mais                                             l’exonération pour les heures supplémentaires, le crédit impôt-recherche des entreprises, l’avantage fiscal pour l’aide à la personne, l’investissement en Corse ou dans les Dom-Tom sont indispensables au dynamisme du pays. Une augmentation de deux points de la TVA s’imposera. Augmentation des tranches de l’impôt sur le revenu pour les plus favorisé : tranche supplémentaire de 45% et tranche extraordinaire de 50% pour les revenus très élevés ; effort semblable pour les successions importantes.
L’équilibre des finances sociales n’est pas acquis. Poursuivre, avec discernement la diminution du nombre des fonctionnaires. Diminution du train de vie de l’Etat.

Le plus important, ce ne sont pas les « moins », ce sont les « plus » (p.107)
Notre avenir se situe dans le regain d’activité des entreprises, des laboratoires de recherche, des développeurs, des formateurs. La double responsabilité des gouvernants de cette période est de rendre l’équilibre à nos finances publiques, sans perdre de vue le dynamisme et l’innovation à soutenir.

Une stratégie pour l’Europe (p.108)
Le principal atout de l’Union, de la zone euro, de la Banque Centrale Européenne, c’est n’être pas endettée. Quand la crise des dettes a commencé, il a été décidé que l’essentiel de l’effort serait supporté par les Etats et non par les institutions de l’Union ou de l’euro. Il était du devoir de l’Union européenne ou de la zone euro d’assumer cette responsabilité, assumer un plan d’investissement en direction de l’innovation, apporter leur garantie au refinancement de la dette des pays en difficulté. Il ne s’agit pas de subventions à fonds perdu : il s’agit de prêts.
Ce qui manque aujourd’hui est la vision communautaire qui fut celle de la fondation. C’est la crise qui rendra inéluctable le choix historique des Européens.


LA MEILLEURE EDUCATION DU MONDE (p.111)

L’histoire d’une vie (p.111)
Elève de l’enseignement public et professeur de l’enseignement public. Ministre de l’Education. Inconditionnel de la laïcité. A la fois croyant et laïque.
Il n’est pas de profession qui soit aujourd’hui exposée à plus de mises en cause, de hargne, que ceux en qui hier on respectait le savoir.

Urgence éducative (p.114)
Elève, il s’agit d’années gâchées quand ce qui se passe dans la classe vous est étranger, opaque, hostile ; échecs que l’on traîne, image de soi brouillée, monde indéchiffrable. Ou, au contraire, esprits qui s’ouvrent, bonheur de la découverte, science et conscience.
Ecole incomprise et rejetée, méprisée, prise pour cible, vilipendée. Démoralisation de tout un corps. Enseignants traités de fainéants, d’absentéistes, d’incompétents par l’univers politique et médiatique. Déluge de consignes, circulaires, programmes, réformes. Seul horizon : la suppression de postes systématique.

Les parents sont perdus, eux aussi (p.116)
Les parents sont désorientés. A la recherche d’une école qui leur garantirait le calme, la discipline et la transmission claire de bonnes base : lire, écrire, compter, apprendre l’histoire et la culture. Une école d’épanouissement, de découverte. Sans parler de la parole et l’orthographe.

L’école et le mal français (p.117)
L’école est devenue l’univers du désenchantement. La cohésion sociale était assurée quand un nombre significatif de réussites visibles garantissait que, d’où que l’on vienne, on avait sa chance. Cela est ruiné. Il existe toujours des parcours individuels, des réussites. Mais ils sont noyés dans le nombre des échecs, des impasses. Le diplôme ne garantit plus rien, ni la situation, ni la reconnaissance sociale.



Un labyrinthe (p.118)
Labyrinthe des formations. Etudes parking. Préparation à la précarité devenue loi universelle. Les enseignants ont perdu même le goût de se défendre. Attaque sur le temps de travail, alors que la présence au poste de travail n’est que l’accomplissement de toute une préparation extérieure. La transformation du professeur en répétiteur, en surveillant, en animateur est une tentative de répondre au sentiment d’échec de l’école. Dans une école au rabais, seuls les  héritiers tireront leur épingle du jeu.

La reconquête de l’école (p.122)
L’école clé de notre avenir comme nation et clé de l’avenir individuel. Il faut fixer les buts à atteindre et s’engager sur les moyens. La question des moyens n’est pas la question principale, mais une question qui compte, opérationnellement et symboliquement. Choix de priorité que de protéger l’éducation en maintenant, sur une longue période, les moyens qui lui sont alloués.

Un objectif précis (p.123)
Premier objectif de l’école : transmettre les fondamentaux. Certitude que tous les enfants peuvent apprendre à lire, à écrire et à compter. C’est un droit pour eux, un devoir pour nous. Tous les moyens intellectuels de l’école doivent être dirigés vers ce but : garantir la lecture, l’écriture et le calcul mental à 100% des élèves au moment de l’entrée en sixième.

Une méthode infaillible (je crois) (p.124)
Partir de la classe. Partir de la base. Partage des démarches pédagogiques des enseignants qui obtiennent les meilleurs résultats. Partager l’expérience, les idées d’innovation, les faire connaître et initier les collègues enseignants. S’écarter, a priori, de toute idéologie. Enseigner, c’est un travail d’artisan. Il y a le tour de main. Et on peut le transmettre.

Protection et autorité (p.126)
Le deuxième objectif est que l’école soit un lieu protégé, où l’on est dans le calme et en sécurité. Tout enseignant doit être respecté dans sa classe, protégé par l’Education nationale toute entière et le prestige rendu à sa mission.
Il n’y a pas de protection sans rigueur. Le retour au calme dans la classe est un enjeu national. Ce sont deux ou trois élèves qui déstabilisent la classe, parce que, déstabilisés eux-mêmes, ils n’ont aucun autre moyen de se mettre en valeur, ni d’obtenir la reconnaissance de leurs pairs. Il faut une sanction qui ouvre la voie à d’autres pédagogies, d’autres surveillances, d’autres prises en charge psychologiques. Le but est de ramener dans la scolarité normale un élève effectivement rétabli dans un meilleur équilibre et dans une meilleure capacité scolaire.

Réévaluer au lieu de dévaluer (p.128)
Il faut garantir au plus grand nombre un bloc culturel. Stabilité et lisibilité des programmes sont un enjeu pour le pays. Les programmes doivent être arrêtés après un débat au Parlement. Réévaluation des objectifs de l’école, du collège, du lycée. Pour les élèves en échec, scolarité de rattrapage adaptée. Le but de l’éducation, c’est l’autonomie de l’élève, et un jour l’autonomie du citoyen. La démarche du chercheur, qui vise à découvrir ce qu’il ne sait pas, devrait être la démarche reine de toute formation.



Quelques idées consensuelles, et quelques idées iconoclastes (p.130)
L’éducation française sacrifie trop et trop tôt à la compétition à tout prix. L’organisation du temps scolaire n’est pas satisfaisante. La répétition a trop de place dans notre système scolaire et la créativité intellectuelle et artistique pas assez. L’articulation entre lycée et université est un point faible. L’orientation, l’information transparente sur les voies de formation choisies, est une lacune. La formation professionnelle souffre de l’image des métiers dans la société, et d’une méfiance qui perdure trop souvent entre l’école et l’entreprise.

L’essentiel des progrès à inscrire sur l’agenda (p.133)
On ne devrait conduire des réformes à l’Education nationale qu’avec calme et circonspection. Le collège est depuis des années en attente de rénovation. La question du collège est l’impératif de rescolarisation des élèves qui se trouvent en perdition. Ce problème se recoupera avec la réponse à apporter aux élèves déstabilisés qui déstabilisent à leur tour le groupe ou la classe.
Le principal défi du lycée est dans la formation à l’autonomie des lycéens devant le savoir. Question de la redéfinition de la classe de terminale, qui doit devenir, ou redevenir, une propédeutique, une préparation à l’enseignement des années ultérieures.

Université, problème français (p.135)
La dualité grandes écoles-université génère une véritable crise d’identité. Les grandes écoles sont auréolées du prestige d’établissements de sélection pour l’élite de la fonction publique, de l’entreprise, et désormais de l’univers financier.
Le statut des universités est constamment remis en question. L’université souffre aussi de ce que ses diplômes qui autrefois qualifiaient pour l’emploi n’ouvrent que rarement sur une qualification professionnelle et un recrutement direct. L’université doit conquérir l’excellence réputée être le lot des grandes écoles. Il est une révolution à accomplir : distinguer nettement les formations générales, licence, mastère, doctorat, des qualifications professionnelles auxquelles elle devrait largement ouvrir.
Reste de grandes interrogations sur le recrutement des enseignants chercheurs, sur le localisme et les réseaux : débat pour la communauté universitaire.

L’œuvre d’éducation ne commence ni ne s’achève à l’école. Mais l’école en est le centre. Son échec entrave la marche en avant du pays. Seule réponse : une mobilisation générale.


LA CONDITION POLITIQUE DU REDRESSEMENT (p.139)

La production dans notre pays, l’école en France, voilà l’état d’urgence. On ne sauvera pas la maison sans un changement de modèle politique.
Les deux coalitions de gouvernement traditionnelles n’ont pas la force suffisante pour assumes des décisions courageuses. Elles sont profondément divisées en leur sein, et divisées sur l’essentiel. Elles sont, l’une et l’autre, trop liées à des intérêts catégoriels. Une majorité de droite ne pourra pas mener une réforme de l’école, faute d’un minimum de confiance. Une majorité de gauche et d’extrême gauche ne peut trouver la confiance nécessaire à l’entreprise, toucher au droit du travail, augmenter la TVA s’il le faut. Elles sont prisonnières d’habitudes  de pensée qui les coupent de la moitié du pays qui n’est pas la leur. Leur affrontement est devenu stérile. La seule solution, c’est une majorité nouvelle.




Camp contre camp, et chaque camp sous le signe de la division (p.141)
Dans les deux camps, le poids des extrêmes est maintenant déterminant, tendances incompatibles avec le gouvernement volontaire et modéré dont a besoin un pays en état d’urgence.
La politique à suivre, d’entente nationale, est incompatible avec le ciblage permanent des immigrés, ou avec l’obsession de l’islam. Cette politique est incompatible avec le refrain : « ce n’est pas l’argent qui manque, il suffit de le prendre où il est ». Incompatible avec le « qu’ils s’en aillent tous ». Incompatible avec des tendances qui appellent à la sortie de l’euro, ou à la sortie de l’Europe. Ces propositions sont des miroirs aux alouettes.
Les principes qui structurent la politique à suivre pour le redressement du pays sont ce que ces tendances refusent. Nous devons gagner la bataille dans la mondialisation. Il faut de la souplesse dans les conditions de travail et d’embauche. La fiscalité doit être supportable, non confiscatoire. L’entreprise est le moyen de développement économique. La France se fera avec les immigrés. Il faut défendre l’euro et retrouver l’équilibre budgétaire. Respect mutuel et
 collaboration active entre syndicats de salariés et organisations représentant les entreprises sont des conditions redressement. La reconstruction de l’école se fera avec les enseignants.
La guerre droite contre gauche organise la société politique de la double défiance quand est nécessaire la société de confiance. Le combat camp contre camp fait le lit de la démagogie.

Libérer l’Etat des groupes de pression (145)
Les deux camps sont devenus prisonniers de groupes de pression : cumul des mandats, connivence en économie. Les intérêts privés colonisent l’univers politique. Compromission immorale et malsaine. Scandales honteux qui mêlent décisions d’Etat et intérêts privés : financements politiques liés au commerce des armes, affaire Tapie, …
Cela appelle une rupture : gouverner sous contrôle de la séparation des pouvoirs, et de leurs partenaires.

L’état d’urgence exige une majorité nouvelle (p.147)
Si le projet est de mobilisation générale, d’engagement public à résoudre les problèmes du pays, la seule majorité disponible est une majorité centrale. Une politique du courage exige des garanties qu’une majorité partisane ne peut apporter. Aucune reconstruction d’ampleur ne peut s’imaginer sans un mouvement d’union. La création d’une majorité nouvelle aura vertu de mobilisation pour les Français.

De nouvelles règles pour la démocratie (p.149)
La majorité nouvelle exige une pratique plus démocratique. Il faut que chacun soit respecté en son indépendance.
Le gouvernement retrouve la responsabilité de conduire la politique de la nation, telle qu’elle est définie avec le président. Le Parlement regagne une dignité et une importance perdue depuis longtemps. La réévaluation du Parlement impose un changement de la règle du jeu électoral. Tous les courants politiques qui atteignent un seuil de représentativité doivent être représentés dans le débat parlementaire. Pour favoriser l’élection d’une majorité, les trois quarts des sièges sont attribués au scrutin majoritaire, et le dernier quart attribue des sièges aux courants minoritaires.




Un nouvel exercice de la fonction présidentielle (p.151)
Le chef de l’Etat ne peut pas être le chef d’un clan en son pays. Il représente le pays tout entier dans la diversité de ses opinions. A la tête de l’Etat, il est missionné par le pays tout entier, en charge de l’essentiel, des grandes orientations, pas du détail des mesures. Il est la voix de la France en Europe et dans le monde. Il est le garant de la loyauté de la démocratie du pays. Il doit être indépendant à l’égard de tous les lobbies, de tous les réseaux, de tous ceux qui cherchent à confisquer le pouvoir à leur profit.
Le Parlement représente vraiment le pays, le gouvernement gouverne vraiment, mais il ne peut pas décider sans l’accord du président de la République, qui a reçu directement sa mission du pays. Enfin le président se donne pour mission de garantir que le pouvoir dit la vérité au pays.
Voilà le contrat démocratique par excellence. Et c’est le président qui doit le garantir.


CONCLUSION (p.155)

Aujourd’hui nous sommes à notre rendez-vous de nation. C’est un peuple qui doit se prononcer. L’état d’urgence ne durera pas. L’état d’urgence, c’est précisément le temps pendant lequel on peut encore faire quelque chose. Le pouvons-nous ? Nous le pouvons. La question est : le voulons-nous ?
Y voir clair, aller droit au but, oser la parole qui libère, là est la responsabilité politique.